Chaque 14 juillet, depuis 136 ans, à l’exception des
années d’Occupation, les citoyens célèbrent la République française. C’est en
effet en 1880 que les Républicains ont fixé au 14 juillet le jour de la fête
nationale, non sans mal car les opposants monarchistes étaient alors encore
très influents. Par ce choix, ils voulurent associer le nouveau régime à la
grande révolution, qui mit un terme aux privilèges et reconnut la souveraineté
populaire, ils préférèrent pourtant rappeler les débuts d’une monarchie constitutionnelle
plutôt que la première République, celle de 1792-1799, trop peu consensuelle,
parce que jugée par beaucoup violente et anticléricale.
A Carentan, on se montra très républicain dans ces
années 1880, encore indécises. Un maire farouchement républicain avait montré
la voie, sous la courte Deuxième République. Je vous raconterai un autre jour
le parcours d’Ernest Sivard de Beaulieu, premier maire carentanais issu du suffrage universel en 1848 mais proscrit dès 1851.
Sur cette place, qui avant d’être « de la
République », fut « royale », puis « impériale », les
habitants se réunissaient pour célébrer un régime qui promettait libertés et
justice. On y planta, à plusieurs reprises, un arbre de la liberté, on s’y retrouva
pour chanter, danser, banqueter, entendre des discours, comme aujourd’hui.
En ce jour, nous ravivons donc une pratique
séculaire : celle de se réunir pour faire corps et dire notre espérance
dans une nation civique qui veut placer le bien commun avant les intérêts
particuliers, notre espoir dans un régime qui, mieux que démocratique, ambitionne
de procurer à chacun les moyens de son épanouissement, de son autonomie et de
sa conscience civique, notre fidélité à une République dont les principes
fondamentaux doivent rester la liberté, l’égalité et la fraternité, mais aussi
la laïcité et le progrès social.
La tradition du banquet, qui fut aux temps de la
monarchie et de l’empire un outil politique des Républicains, et celle du bal
populaire, qui est une forme participative de la fête fédératrice des citoyens,
sont rétablies à Carentan en ce 14 juillet 2016 par l’association Place de
la République, une jeune association de réflexion civique ouverte aux
partisans d’un système politique garant de nos valeurs républicaines. Déjà en
janvier de cette année, l’association avait provoqué le rassemblement sur cette
même place des habitants et des artistes désireux de rendre hommage aux
victimes des lâches attentats de janvier et novembre 2015, et de signifier leur
attachement commun aux libertés individuelles et collectives.
En ces temps de confusion et de désamour pour le
politique, d’effacement des idées devant les gesticulations
politico-médiatiques, en ces temps de menaces et de progrès de
l’individualisme, de repli communautaire et de suspicion, de peurs
irrationnelles, l’association Place de la République veut œuvrer au
rétablissement de la confiance dans l’universalité des valeurs de liberté,
d’égalité et de fraternité, qui ne sont pas que des mots mécaniquement alignés,
et contribuer au bien fondé du « vivre ensemble », avec ses
différences respectées et ses attentes partagées.
Vive la République
Olivier Jouault
Président de Place de la République
Le 14 juillet 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire