vendredi 5 mai 2017

De l'art de la censure



Si « aucune voix ne doit aller à Le Pen » selon les termes de nombreux responsables politiques cela n’équivaut-il pas à proposer une censure de la candidate du FN ? Or, dans notre cadre constitutionnel, celui qui s’abstient de voter la motion de censure est réputé adversaire de la censure. Une motion de censure pour être validée doit en effet être adoptée par une majorité d’électeurs, car seul compte le vote des partisans de la motion et les abstentionnistes sont comptabilisés avec les adversaires de la motion. A l’heure des comptes, dimanche soir, le FN ne manquera pas de faire le même amalgame.

Pour beaucoup d’électeurs, le vote de dimanche est davantage un vote contre le FN qu’un soutien à M. Macron ; un vote pour empêcher la banalisation du FN et non pour assurer le succès du candidat de la « mondialisation heureuse », car tout se jouera au 3e tour, lors des élections législatives de juin, qui définiront la majorité parlementaire dont un représentant sera désigné premier ministre par le nouveau chef de l’Etat, afin de gouverner le pays.

Beaucoup accusent le PS d’avoir favoriser la montée du FN, mais n’est-ce pas un plus formidable coup d’accélérateur, de la part des abstentionnistes et partisans d’un vote blanc massif, que de permettre le 7 mai à sa candidate d’atteindre peut-être 40 ou 50 % des suffrages exprimés ? Qui aura la responsabilité alors d’établir plus durablement le FN en France, ceux qui font barrage en votant Macron ou ceux qui confondent lutte contre les politiques libérales et rejet de l’autoritarisme et de la xénophobie. Le refus ou l’incapacité de hiérarchiser les menaces, la précaution de ne pas vouloir se salir les mains en déposant le seul bulletin qui dit non au FN, n’est-ce pas participer à la légitimation d’un parti haineux, dont les racines et radicelles plongent dans un substrat néo-fasciste ?

Olivier Jouault

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