Des responsables politiques affirment que les
électeurs ont le choix, dimanche 7 mai, entre s’abstenir, voter blanc ou soutenir
un des deux derniers candidats en lice.
Outre qu’encourager à l’abstention est un affront à la démocratie,
prétendre que s’abstenir ou voter blanc est un choix significatif est un
mensonge : légalement, l’abstention et le vote blanc se valent et ne
valent rien. Si le vote blanc peut avoir une portée symbolique et morale,
soulageant le citoyen qui fuit ses responsabilités, il ne compte pour rien dans
la décision finale.
A chaque élection, la majorité des électeurs sont
dans la même situation, si les sondages ne les ont pas conditionnés à
« voter utile » dès le premier tour : ils font d'abord le
choix du cœur, au second tour celui de la raison. La majorité du corps électoral ne
retrouve pas au second tour son candidat préféré, éliminé par deux plus
populaires ; il faut donc revoir son choix et participer à l’élection du
moins mauvais, du moins éloigné de ses convictions et de ses valeurs. La
situation qui se présente devant nous n’est donc pas inédite, mais l’enjeu du
deuxième tour est plus considérable que jamais : la question qui est posée
aux citoyens est finalement celle des valeurs qui doivent inspirer les actes
politiques à venir, celle de l’horizon vers lequel nous tournons nos regards et
nos espoirs, celle de la confiance dans le contrat républicain dont les
fondamentaux sont les libertés individuelles et collectives garanties à chacun,
l’égalité des droits et des chances pour tous, la solidarité nationale et la
fraternité humaine.
S’abstenir et voter blanc, c’est donc se tenir à
l’écart, renoncer à ses responsabilités (mais, se justifient-ils, tout n’est-il pas
aux mains de quelques oligarques qui complotent contre le peuple ?), se
résoudre à laisser aller à vau-l’eau le pays, à moins que cela ne relève d’un
projet, plus perfide, celui de précipiter la ruine de la démocratie
parlementaire, cadre des débats d’idées et de projets, pour lui préférer un système
autoritaire qui permettra d’imposer à une majorité muselée le programme qui
fera son bonheur.
Ni Macron, ni Le Pen, c’est juste impossible !
Nous aurons, TOUS, l’un ou l’autre. Il n’y a pas dans l’immédiat, de plan B.
Prétendre que voter blanc est résister (à quoi ?
à l’expression de la souveraineté nationale ?), est un détournement. Ceux
qui se sont abstenus ou n’ont dit mot lorsque le pays était au fond du gouffre,
il y a 70 ans, n’étaient pas des résistants, sauf à être de la 25e
heure. Les résistants étaient les femmes et les hommes capables de se réunir,
au-delà de leurs camps politiques et confessionnaux, parce qu’ils plaçaient
l’universalité des droits de tous plus haut que les options politiques qui
s’offraient à eux en des temps ordinaires.
Aussi
les partisans du vote blanc cherchent-ils à nous persuader que nous vivons
toujours en des temps ordinaires et qu’il
n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure. « Tout va très bien madame la
marquise » chantait l’orchestre de Ray Ventura en 1935… On connaît la
suite.
Olivier Jouault
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