mardi 2 mai 2017

J'y vais ? j'y vais pas ?



Des responsables politiques affirment que les électeurs ont le choix, dimanche 7 mai, entre s’abstenir, voter blanc ou soutenir un des deux derniers candidats en lice.  Outre qu’encourager à l’abstention est un affront à la démocratie, prétendre que s’abstenir ou voter blanc est un choix significatif est un mensonge : légalement, l’abstention et le vote blanc se valent et ne valent rien. Si le vote blanc peut avoir une portée symbolique et morale, soulageant le citoyen qui fuit ses responsabilités, il ne compte pour rien dans la décision finale.
A chaque élection, la majorité des électeurs sont dans la même situation, si les sondages ne les ont pas conditionnés à « voter utile » dès le premier tour : ils font d'abord le choix du cœur, au second tour celui de la raison. La majorité du corps électoral ne retrouve pas au second tour son candidat préféré, éliminé par deux plus populaires ; il faut donc revoir son choix et participer à l’élection du moins mauvais, du moins éloigné de ses convictions et de ses valeurs. La situation qui se présente devant nous n’est donc pas inédite, mais l’enjeu du deuxième tour est plus considérable que jamais : la question qui est posée aux citoyens est finalement celle des valeurs qui doivent inspirer les actes politiques à venir, celle de l’horizon vers lequel nous tournons nos regards et nos espoirs, celle de la confiance dans le contrat républicain dont les fondamentaux sont les libertés individuelles et collectives garanties à chacun, l’égalité des droits et des chances pour tous, la solidarité nationale et la fraternité humaine.
S’abstenir et voter blanc, c’est donc se tenir à l’écart, renoncer à ses responsabilités (mais, se justifient-ils, tout n’est-il pas aux mains de quelques oligarques qui complotent contre le peuple ?), se résoudre à laisser aller à vau-l’eau le pays, à moins que cela ne relève d’un projet, plus perfide, celui de précipiter la ruine de la démocratie parlementaire, cadre des débats d’idées et de projets, pour lui préférer un système autoritaire qui permettra d’imposer à une majorité muselée le programme qui fera son bonheur.
Ni Macron, ni Le Pen, c’est juste impossible ! Nous aurons, TOUS, l’un ou l’autre. Il n’y a pas dans l’immédiat, de plan B.
Prétendre que voter blanc est résister (à quoi ? à l’expression de la souveraineté nationale ?), est un détournement. Ceux qui se sont abstenus ou n’ont dit mot lorsque le pays était au fond du gouffre, il y a 70 ans, n’étaient pas des résistants, sauf à être de la 25e heure. Les résistants étaient les femmes et les hommes capables de se réunir, au-delà de leurs camps politiques et confessionnaux, parce qu’ils plaçaient l’universalité des droits de tous plus haut que les options politiques qui s’offraient à eux en des temps ordinaires.
Aussi les partisans du vote blanc cherchent-ils à nous persuader que nous vivons toujours en des temps ordinaires et qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure. « Tout va très bien madame la marquise » chantait l’orchestre de Ray Ventura en 1935… On connaît la suite. 
Olivier Jouault

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